L'histoire de la cathédrale Saint Pierre de Vannes, bâtiment religieux moteur du développement de Vannes prend racine dans la fin du V ième siècle.

 

Dans un aveu rendu au roi en 1640, les chanoines de Vannes « disent qu'ils trouvent en leurs vieux registres et légendaires que le duc de Bretaigne donna à Saint Patern, leur premier évesque, son pallays, où il fist bastir l'église cathédralle de Saint-Pierre, avec les lieux adjassans,... ce qui fuct fait, comme ils croient, en l'an 465 ».

C’est ainsi qu’en l’an 465, un concile provincial se réunit à Vannes, pour le sacre de saint Patern ; l'assemblée se tint dans l'église de Vannes, in Ecclesia Venetica. Il s’agit ici de la première mention de le cathédrale de Vannes.

La première cathédrale de la ville de Vannes se situait au centre de la cité fortifiée gallo-romaine, sur la colline du Mené. Il s’agit donc, selon toutes les apparences, de l’emplacement actuel de la cathédrale.

Au décès du Roi de Bretagne, Alain I le Grand en 907, les Normands envahirent la Bretagne. Les ravages furent effroyables, surtout à partir de 919; les populations épouvantées s'enfuirent au loin, en confiant à des personnes sûres les reliques des saints et les objets du culte. La première cathédrale de Vannes, comme celle de Nantes furent brûlées à cette époque.

Dans le premier tiers du XI ième siècle, pour répondre aux terreurs de l’an mille, l’évêque Judicaël (991-1037) et son frère le duc de Bretagne Geoffroy I  commencèrent la reconstruction de la cathédrale de Vannes. Malheureusement, il n’existe aucun document sur l’architecture de cette dernière. En effet, le chœur de la cathédrale qui subsista jusqu´en 1770 et qui est connu par un bel ensemble de plans, coupes et élévations dressées au XVIIIième siècle, correspond à un édifice plus récent, sans doute de la fin du XII ième siècle.

Ces documents montrent que la cathédrale du XII ième siècle s’inspirait beaucoup des églises du Maine telle que Notre-Dame d’Avesnières à Laval ou de Notre-Dame-du-Pré au Mans. En effet, ces églises possédaient, tout comme la cathédrale de Vannes, un déambulatoire à trois chapelles rayonnantes et une élévation à trois niveaux – grandes arcades, arcature aveugle, fenêtres hautes – où coexistaient arcs brisés et plein-cintre.

C´est probablement sous l´épiscopat de Guéthénoc (1182-1220) qu´est construite la façade ouest de la cathédrale. Malheureusement, en raison des faibles moyens financiers, l’entretien de la cathédrale est souvent oublié. Cette situation est connue par l’indulgence accordée par le pape en 1389 qui devait aider aux financements des nombreuses réparations.

Suite au décès de Saint Vincent Ferrier (1357-1419) et son inhumation dans la cathédrale de Vannes, l’évêque Amaury de La Motte et le chapitre de la cathédrale s’entendent pour consacrer le tiers des offrandes faites au tombeau de saint Vincent Ferrier pour restaurer la cathédrale et, ainsi, la préserver d’une « ruine imminente ».

Pourtant, malgré les dons importants générés par les pèlerinages sur le tombeau de Saint Vincent Ferrier, les travaux menés dans la première moitié du XV ième siècle ne semblent concerner seulement que les annexes de la cathédrale. Ainsi, selon Albert Le Grand, Jean Validire, élu évêque en 1433, «  fit bastir le revestiaire de son église cathédrale, et le lieu capitulaire, et la voûte de la chapelle de Nostre-Dame derrière le chœur, où il gist ».

L´épiscopat décisif au relèvement de la cathédrale fut celui du dominicain Yves de Pontsal (1450-1476). Ce dernier est l’ancien confesseur de la duchesse Jeanne et est le trésorier du chapitre depuis 1436. En 1451, il obtint du  Pape Nicolas V une bulle accordant une indulgence plénière pour dix ans à ceux qui visiteront la cathédrale et y feront une aumône pour son achèvement.

Le 15 mai 1455, le pape Calixte III suspendit toutes les indulgences particulières, en faveur de la croisade contre les Turcs, qui venaient de s'emparer de Constantinople et qui menaçaient l'Europe entière.

Le 29 juin 1455, la canonisation de saint Vincent Ferrier attira pèlerins et offrandes, et donna lieu, en 1456, à une cérémonie dans une cathédrale, superbement tapissée de haut en bas . Il faut dire qu’une nouvelle bulle du 27 mai 1458 accorda, pour le jour de la fête de Saint Vincent Ferrier, une indulgence partielle à ceux qui visiteraient la cathédrale et y feraient une aumône.

Le 23 juillet 1455, le Pape Calixte III renouvela l’indulgence de 1451 pour dix autres années après l’expiration des dix premières. Comme il n'y avait eu encore que trois années d'utilisées, c'était une réserve de 17 ans à valoir après la croisade.

Néanmoins, malgré ce décorum, le Pape Pie II qualifie, en 1459, la nef de " vetustate collapsa et ruinosa ". En 1460, ce Pape prolonge, pour dix sept ans, par une nouvelle bulle l’indulgence plénière accordée par ses prédécesseurs. Cette bulle précise que  l´évêque et le chapitre avaient avancé leur œuvre et fait élever une grande partie des piliers , que la nef de l’église était entièrement découverte. On se proposait de refaire le cloître  et vingt années de travaux pour le moins paraissaient nécessaires  pour achever l’ouvrage.

En 1473, la fabrique consacre 500 écus à l´acquisition de maisons attenant au côté sud de l’église, sans doute pour les démolir.

En 1474, le Duc de Bretagne François II, afin de contribuer à la bonne œuvre et de compter parmi les bienfaiteurs de la cathédrale, fait gracieusement don des droits de mutation perçus lors de la vente ou de l'échange d'une terre roturière.

Entre 1475 et 1476, les sommes récoltées par les pèlerinages sur le tombeau de Saint Vincent Ferrier et les différents dons récoltés permirent l’achèvement des chapelles sud. Les deux premières purent être pavées et la seconde pu recevoir des vitraux. Parmi ces nouvelles chapelles, deux d’entre elles furent voûtées.

En 1476, la nef est consacrée par l´évêque de Sinope. Les fidèles purent, enfin, assister au culte sous son abri.

En 1478, sur la demande de l´évêque Pierre de Foix et du Duc de Bretagne François II, le Pape Sixte IV rappelle que l’Evèque Yves de Pontsal et le chapitre ,“ ont eu soin à plusieurs reprises de la restaurer et augmenter par une œuvre d´un travail remarquable et important, et comme ces travaux sont encore imparfaits et ne peuvent être achevés par les revenus de l´église qui sont loin de suffire convenablement à cette entreprise et aux autres charges ”, il accorde une nouvelle indulgence plénière, à la fête de Saint-Pierre, pour une durée de quatre ans.

Entre 1483 et 1484, des ouvriers travaillent encore sur les finitions de la nef. En 1484, le sénéchal de Vannes autorise le procureur de la fabrique à faire abattre le porche “ qui est au devant du grand portail ” pour en édifier un nouveau.

Ces travaux du frontispice ouest ont duré une dizaine d´années : achèvement des pinacles en 1491, mise en place des vitraux de la grande fenêtre en 1492 et du voûtement du porche en 1493.

En 1494, comme la Duchesse Jeanne en 1433, Isabeau d´Écosse, épouse de François II, choisit la cathédrale pour lieu de sa sépulture. Ainsi, elle fait don de 2000 écus d´or pour aider à sa construction. Ces 2000 écus d’or servirent aussi de contrepartie à la fondation de faire dire une messe quotidienne pour elle et les siens devant le second autel de Saint Vincent. Cet autel était adossé au pilier sud du chœur, auprès du trône pontifical. Le nivellement du pavé du chœur a fait disparaître la trace de ces tombes princières, et la Révolution Française a emporté les fondations.

En 1504, avec l´aide financier de la Duchesse Anne, Reine de France, le chapitre entreprend la construction du bras sud du transept.

À la suite de nouvelles indulgences accordées en 1514, le chapitre procède dans le chœur liturgique, c’est à dire à la croisées des transepts, à des travaux préliminaires pour la reprise du chantier. C’est ainsi que les comptes de 1516 évoquent la démolition de trois piliers et de la voûte.

L´année suivante, les ouvriers interviennent sur la chapelle de Toussaint et, en décembre 1518, ils achèvent la croisée et le bras nord du transept.

Le chantier du cloître débute vers 1530. L’histoire de l’architecture gothique de la cathédrale de Vannes s’achève par ce dernier chantier.

En 1536, la pose de la première pierre de la chapelle absidale prélude à une reconstruction sur une grande échelle du chœur. Initialement le projet projetait de l’entourer d´une couronne de neuf chapelles. Ce projet fut abandonné dix ans plus tard.

En 1607, la voûte, « toute ruinée et preste de tomber », et la charpente du chœur roman sont intégralement réparées.

Entre 1626 et 1627, le chapitre fait poser un nouveau lambris au niveau de la nef, De plus, il fait paver le sol de celle-ci.

Entre 1634 et 1637, Gilles et Michel Moussin construisent, sur les fondements laissés un siècle plus tôt, la chapelle d´axe dédiée à Saint-Vincent-Ferrier et la dotent d'une voûte d´ogives et d´un grand retable lavallois. Dubuisson-Aubenay, qui visite alors l´édifice, décrit la cathédrale en ces termes : " l´église cathédrale de Saint-Pierre est imparfaite de toutes ses voûtes qui sont recouvertes de charpente, et a sa croisée passant par-dessus le chœur d´à présent. Il est .vray qu´il y a un chœur commencé et voûté, qui est fort bas et antique, au bout de celuy qui sert de chœur à présent, en attendant qu´en la place de ce vieil, on en face un neuf ».

En 1722, Le Hen, entrepreneur du marché de la tour, en redresse  les pentes inégales, à partir du second cordon.

En 1768, Mgr de Bertin entreprend, grâce aux subsides royaux, de faire voûter d’arêtes la nef et le transept. Suite à ces travaux, il lance la démolition de l´ancien chœur en 1770.

De 1771 à 1774, le chœur est rebâti en remplacement du sanctuaire roman mais avec des dispositions simplifiées : un déambulatoire, mais pas de chapelles rayonnantes.

En 1782, le portail ouest aux portes géminées de la fin du XVe siècle, est remplacé par une entrée unique.

En 1794, au paroxisme de la Terreur Révolutionnaire la cathédrale devient "Temple de la Raison".

La flèche nord, renversée par la foudre en 1824, est aussitôt reconstruite sur les dessins de Brunet-Debaisnes, architecte voyer de la ville, mais avec des proportions plus modestes. Toutefois, elle en reprend le plan octogonal.

En 1845, l´architecte diocésain Marius Charier refait la balustrade à quatre-feuilles et flammes de la galerie haute de la nef.

À partir de 1863, il conduit une très critiquable « restauration », qui comprend la destruction du mur-pignon et du portail ouest et de la tourelle sud, le voûtement sur croisées d´ogives des deux premières travées de la nef et la réfection dans un style rayonnant anachronique des meneaux des fenêtres hautes de la nef et du transept.

Classé seulement au début du XXe siècle, l´édifice est depuis lors entretenu par le service des Monuments historiques.