Le quartier de Saint Patern de Vannes est un quartier populaire dont l'histoire remonte à la fondation de Vannes. On y retrouve de magnifiques maisons à pans de bois et une église, étape obligatoire du Tro-Breizh.

 

L'actuel quartier Saint Patern est situé sur les pentes de la colline de Boismoreau sur le site où Darioritum fut fondé au Ier siècle avant Jésus-Christ. En ce lieu de nombreux vestiges gallo-romains furent retrouvés tel que le forum, des thermes ainsi que des villas. Lors de la période troublée de la chute de l'Empire romain, les gallo-romains se retranchèrent, sur la colline du Mené, derrière des murailles. La taille de la population diminua puis finit par presque totalement disparaître à partir du IIIe siècle puis, au fur et à mesure que la sécurité revenait sa croissance reprit.

Entre 464 et 470, la population fut jugée suffisante pour que sous la direction de Perpétue, métropolitain de Tours, quatre évêques, à savoir, Athenius de Rennes, Nunechius de Nantes, Albinus et Liberalis dont on ignore les sièges, se réunissent  en concile à Vannes afin de constituer l’évêché de Vannes. Patern, gallo-romain et évêque pressenti pour ce futur évêché, participait à ce concile. Suite à sa nomination en tant qu’évêque de Vannes, Patern pris part aux autres délibérations du concile.
Très rapidement, il subit la difficulté de son ministère. En effet, il existait des conflits larvés entre le courant chrétien de tradition celte et celui de tradition gallo-romaine ; conflits qui ne faisaient que s’aggraver en raison de l’arrivée progressive, mais continue, de Bretons immigrant de Grande-Bretagne. L’évêque Patern fit tout en son pouvoir pour détendre cette situation. Malheureusement, les populations celtes et gallo-romaine comprenaient très mal les décisions prises. Ils finirent par le pousser à la démission, puis à l’exiler.

Peu avant son exil forcé, Patern avait demandé, sans succès, à un riche propriétaire, le terrain nécessaire à l’édification d’une église dans le faubourg est de Vannes. En effet, la densité de population de ce faubourg était suffisante pour envisager la construction d’une église.
Suite à son décès en exil, vraisemblablement en 475, une grande sécheresse survint. La populations se rappela, alors, de son premier évêque et le pria pour que, gràce à ses mérites, il demande à Dieu de faire tomber de la pluie. Suite à ces prières, une période plus humide survint. Pour remercier le saint, le propriétaire terrien qui avait refusé la demande de Saint Patern ,offrit de lui-même le terrain nécessaire à l’établissement de l’église. Conscient de sa faute, il s’engaga même à en payer les frais de construction. Cette première église fut construite en bois au même emplacement que l’église actuelle et abrita, pendant 4 siècles, le corps de Saint Patern.
Vers 919, les vikings ravagèrent la Bretagne. Peu avant leur arrivée à Vannes, pour éviter la destruction de ces reliques, celles-ci furent confiés à l’Abbé de Rhuys, Daoc. Elles furent ensuite emportées dans le Berry en l'abbaye de Déols puis à Issoudun.
Les Vikings détruisirent la cathédrale ainsi que la première église de Saint Patern.
Ce n’est qu’après l’an 1000 que l’église de Saint Patern fut reconstruite dans un style roman et fut érigée en église paroissiale. Cette nouvelle église de style roman avait la forme de croix latine. Au fond du choeur se trouvait l’autel principal. Sur chaque côté, se trouvait des autels mineurs dédiés, l’un à Saint Thomas, l’autre à Sainte Madeleine. Au nord, appuyée sur le choeur se trouvait la sacristie.
Quatre gros pilliers se trouvaient à l’inter-transept. Ils servaient d’assise à une grande tour carrée surmontée d’une flèche en pierre. L’un de ces pilliers renfermait l’escalier qui menait à la tour.
De nombreux tombeaux formaient le pavé de l’église. Il y avait aussi un grand tombeau orné des écussons de Rosmadec, de Molac, de la Chapelle, de Pontcroix, de Kerhoent pour lequel le seigneur de Carcado-Mollac devait payer annuellement une rente de 40 sols.

Cette nouvelle paroisse comprenait le faubourg de Saint Patern ainsi que toute la campagne environnante de Vannes. A la fin du XII ième siècle, une partie des reliques de Saint Partern fut rendue par la ville d'Issoudun.
Petit à petit, la population extra-muros du faubourg de Saint Patern s’est accrue. La construction d’une porte fut entreprise pour permettre la communication entre la ville intra-muros et le faubourg de Saint Patern. Cette porte était d’autant plus nécessaire qu’environ 40000 pélerins bretons venaient chaque année prier Saint Patern dans cette nouvelle église lors de de leur pélerinage du Tro Breiz (Tour de la Bretagne). Ce saint était, en effet, considéré comme l’un des sept saints fondateurs de la Bretagne. Grâce à ce pélerinage, la paroisse de Saint Patern bénéficiait de nombreux dons et le chapitre de la cathédrale et les commerçants intra-muros voulaient bénéficier de cette manne. Ces dons permirent la construction d’un Hôtel Dieu dédié à Saint Nicolas.
Ainsi, vers 1081, l’évêque de Vannes, Monseigneur Maengui, donna la moitié de la paroisse de Saint Patern au chapitre de la cathédrale de Vannes avec la possibilité d’y nommer un vicaire. Puis, vers 1177, un autre évêque de Vannes, Monseigneur Rotald, donna, avec les mêmes conditions, l’autre moitié. C’est ainsi que deux vicaires dirigèrent cette paroisse jusqu’en 1430. A cette date, les deux vicaires furent remplacés par un recteur.
A la fin du XIV ième siècle, le Duc Jean IV choisit Vannes comme siège de la cour et de l’administration de la Bretagne. De nombreux chantiers furent alors engagés comme l’extension des remparts vers le sud ou l’embellisement de la cathédrale. Ces travaux de construction nécessitèrent une nombreuse main d’oeuvre qu’il fallu nourrir et vêtir. C’est dans le faubourg Saint Patern que furent regroupées les activités polluantes, telles que la tannerie, la boucherie, la draperie nécessaires à cet essor démographique. Le faubourg se densifia petit à petit. Au XV ième sièce, on y dénombra 152 maisons, 100 jardins et 63 terrains à bâtir. Cependant, malgré la mainmise du chapitre de la cathédrale sur la paroisse de Saint Patern, le financement de la construction de la cathédrale n’était toujours pas résolu. Pour essayer de capter la totalité des dons des pélerins, il fut décidé de frapper d’interdit l’église de Saint Patern. En effet, l’affluence des pélerins avait considérablement enrichi la paroisse au détriment de la cathédrale de Vannes. Mais, cette décision ne pouvait qu’être temporaire, d’autant plus que la population de la paroisse ne se laissait pas faire. Il fallut attendre les prédications de saint Vincent Ferrier, pour que le pèlerinage à Saint Patern fut, petit à petit, en partie délaissé.
Durant le XVII ième siècle, la population du faubourg de Saint Partern augmenta très rapidement. En effet, l’exil du Parlement de Bretagne à Vannes rendit nécessaire de nombreux travaux d’aménagements et de constructions. De plus, l’exode rural participait à cette densification. Ce fut à cette époque que furent emménagés les jardins de la Garenne. Une fontaine publique fut inaugurée en 1687. Près de l’Hôtel Dieu Saint Nicolas, un couvent de Jacoblins fut édifié.
Vers 1721, l’église de Saint Patern menaçait de ruine. Durant une tempête, la tour s’effondra sur une longueur d’environ 5 mètres. Le 9 mai 1726, le reste de cette tour s’effondra en détruisant la moitié de la nef et rendant impossible toute rénovation de l’église. Il fallut donc la reconstruire intégralement. Cette tâche fut confié à l’architecte Delourne. Celui-ci dessina une nouvelle église sans caractère architectural, sur l’emplacement de l’ancienne églilse. Le 18 septembre 1727, la première pierre fut posée. Il fallut, environ cent ans, avant que la nouvelle église soit achevée. La construction commença par le choeur, pour continuer par les transepts. En 1769, le bas de la nef fut achevée.
Au début de la Révolution Française, les révolutionnaires supprimèrent les paroisses de Saint Salomon et du Mené. Seuls subsitèrent la paroisse de la cathédrale Saint Pierre et celle de Saint Patern. En 1794, au paroxisme de la Terreur, l’église de Saint Patern fut transformée en écurie et le couvent des Jacobins devint le centre de regroupement de la police révolutionnaire. Suite au débarquement désastreux de Quiberon, les chefs de l’expédition avortée furent fusillés dans les jardins de la Garenne.
Les seuls reliques de Saint Patern qui survécurent aux fureurs de la Révolution française, sont quelques osselets conservés précieusement dans un reliquaire ayant la forme d’une tête d’évêque surmontée de sa mitre.
Il fallut attendre 1826 pour que la tour de l’église soit achevée. Celle-ci fut précédée d’un escalier monumental en pierre de taille qui permis d’offrir à l’édifice un aspect imposant.
En 1865, le couvent des Jacobains fut détruit pour permettre la construction de la préfecture du Morbihan et la restructuration du quartier.
En 1964 , le Pape Paul VI déclara saint Patern patron du diocèse de Vannes (Lettre apostolique Armoricae regionis). Depuis ce jour, la fête liturgique de Saint Patern est fixée le 15 avril qui est, selon la tradition, le jour de son décès.
Le 19 octobre 2005, l’église de Saint Patern a fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques.
Entre janvier 2007 et mars 2008, la ville de Vannes procéda à la rénovation de l’église de Saint Patern et redonna, avec succès, un certain lustre au style baroque de celle-ci. C’est ainsi que la toiture, la charpente et les voûtes en lambris, les enduits furent restaurés. La consolidation du clocher ainsi que la réfection complète du dallage suivirent. Le choeur fut ré-aménagé avec la pose d'un ensemble de stalles de chœur en chêne massif sculpté datant du XVIIe siècle.

L'évêque Patern de Vannes est souvent confondu avec un autre Patern. Ce dernier, appelé aussi Saint Padarn est né en Armorique (Petite Bretagne) durant entre les années 490 et 565. En 557, ce saint Padarn prit part au concile de Paris. Puis, il émigra au Pays de Galles, puis en Irlande, avant de revenir fonder le monastère de Llanbardan, dans la région de Cardigan en pays de Galles où il est toujours vénéré. Selon la tradition, saint Padarn aurait été un cousin de Samson, Magloire et Malo. Mais, il est certain qu’il n’a jamais été évêque de Vannes. Ce second Patern est fêté le 23 septembre.
Patern de Vannes est parfois aussi parfois confondu avec un évêque, Patern évêque d'Avranches.