L'orgue de la cathédrale de Vannes est une oeuvre du 18 ième siècle du facteur d'orgues Marcellin Tribuot

 

Brève histoire de l'orgue

C'est en 1740, sous l'épiscopat de Monseigneur Antoine Fagon, que le Chapître de la Cathédrale Saint Pierre de Vannes décide de commander un nouvel orgue pour remplacer celui du XVIIe siècle devenu trop vétuste.

Autour de Marcellin Tribuot, le facteur d'orgues, sept personnes travaillent à la réalisation de la tribune et du buffet. Un architecte, Pierre Bourgogne, un dessinateur, le sieur Renaud, un menuisier, Sieur Guyot, un charpentier, Sieur Thomazic, deux tourneurs sur bois, sieurs Pintier et Michel Housset et deux sculpteurs vannetais sieur Jean Véniat et sieur François-Joseph Lottembert. Les travaux commandés en 1740 seront terminés deux ans plus tard. Deux équipes se partagent le travail : l'une s'occupe de la tribune, l'autre du buffet.


Le menuisier, sieur Guyot exécute le buffet dessiné par sieur Renaud. Enfin les sculpteurs Véniat et Lottembert réalisent le décor sculpté.

L'orgue est constitué de deux buffets : le positif et le grand orgue.

Le positif est placé en encorbellement au milieu de la tribune tandis que le massif du grand-orgue est composé de trois niveaux de panneaux moulurés, carrés au niveau inférieur, rectangulaires horizontaux au niveau médian et rectangulaires verticaux au niveau supérieur. Au centre du massif s'ordonne, autour de la fenêtre de la console aujourd'hui fermée, panneaux rectangulaires et carrés alternés sur trois étages.

La simplicité de la composition de ce buffet, ponctuée par des éléments marquants de sculpture, met en valeur la tuyauterie de l'orgue.

La conception d'ensemble est axée sur l'instrument et non sur la construction qui l'accompagne. Cependant, cette sobriété caractéristique du milieu du XVIIIe siècle est agrémentée par la liberté de création des sculpteurs qui ont ici fait preuve d'une grande maîtrise et d'un esprit inventif original.

En 1894, l'instrument est reconstruit par Louis Debierre qui installe une traction électrique.

Le facteur Georges Gloton restaure l'instrument en 1920 puis, une seconde fois, en 1935.

Le 18 juillet 1980, la partie instrumentale est classée « monument historique ».

En 1984, il fut décidé de restaurer l'orgue à l'identique et les travaux ont été confiés aux facteurs Claude Thibaud et Claude Madigout, de Nantes. L'ensemble du matériel mis en place par Louis Debierre en 1896 a été conservé et seul un jeu de cornet est venu compléter la composition initiale du facteur d'orgues nantais.

Les travaux de restauration de l'orgue

Commencés le 19 février 1984 pour s'achever au mois d'octobre 1985, les travaux de restauration ont porté à la fois sur la partie instrumentale et sur le buffet de l'orgue,

Les travaux ont été divisés en trois phases:

1ière Phase : Le démontage de l'instrument

Exceptés les tuyaux de façade qui attendront 1985 pour subir ce rajeunissement, les 1837 tuyaux composant l'instrument furent déposés. Les facteurs accomplirent le travail minutieux qui consista à nettoyer, réparer les tuyaux un à un, . En réalité, les tuyaux romantiques, de très bonne qualité, n'avaient que très peu souffert et les facteurs durent simplement restituer certains jeux qui avaient pâti d'interventions antérieures malheureuses.
Vinrent ensuite les grands réservoirs, les soufflets ont été ouverts et nettoyés; leur parfaite étanchéité a été vérifiée et les peaux ont été réparées là où elles comportaient des fuites. Par la suite, les facteurs s'attaquèrent aux sommiers qui se révélèrent en excellent état et bien que maintenus en place. Ils furent, à leur tour, nettoyés, leurs soupapes et blocs électro-aimant démontés.
Ces tâches achevées, les facteurs entreprirent les travaux d'atelier pour la construction d'un jeu de cornet neuf, la préparation des nouveaux câbles électriques, la restauration des blocs pneumatiques, la réparation de certains tuyaux et la remise à neuf des claviers.


2ième phase : La restauration du buffet et de la tribune

Cette remise en valeur a été effectuée, durant les mois de juillet et août 1984 par Monsieur Jean Poilpré, ébéniste et restaurateur d'art de Saint-Quay-Portrieux, aidé de deux compagnons. Le travail consistait à restituer au beau buffet sa teinte d'origine. La suppression, par raclage et ponçage, des couches de vieux vernis, permit d'obtenir une homogénéité dans la teinte de l'ensemble. Désormais éclairci, le beau chêne révèle enfin la qualité des sculptures qui ornent le buffet.
En menuiserie, la réparation des parties ayant subi une dégradation entraîna la vérification des assemblages et le rechevillage des montants. Les manques en moulures et motifs sculptés ont été remplacés et exécutés à l'identique. Enfin, quatre couches de cire ont été nécessaires, pour obtenir après lustrage, l'aspect définitif souhaité.


3ième phase : Le remontage de la partie instrumentale

Au mois de mai 1985, les facteurs revinrent à la tribune de l'orgue pour mener à bien le remontage de l'instrument. Cette tâche comportait, entre autre, la restauration à l'identique de tous les organes de transmissions entre les claviers et le matériel sonore.
La console et les claviers furent remontés avec toute la mécanique et les contacts électriques existants dans ce type de transmission.
Une fois réparés, les plus gros tuyaux de la montre 16 et de la montre 8 reprirent leur place, et la façade, ainsi remeublée, retrouva son aspect initial dès la fin juillet 1985.
Par la suite, les facteurs procédèrent à l'installation des nouveaux sommiers du cornet, placés au centre du buffet juste dernière la façade.
Enfin, l'ultime phase, est survenue l'harmonisation : accorder chaque tuyau, surveiller l'harmonisation, égaliser la puissance du son des tuyaux et régler la puissance des jeux les uns par rapport aux autres. Cette élaboration de la couleur sonore de l'instrument n'a pas laissé de côté le réglage de la promptitude des attaques de chaque tuyau et l'ajustage de toute la mécanique de l'orgue.