L'architecture intérieure de la cathédrale Saint Pierre de Vannes a été révisée de nombreuses fois pour répondre à l'accueil des pélerins du tombeau de Saint Vincent Ferrier et aux difficultés de financement

 

La cathédrale Saint Pierre de Vannes est un édifice assez considérable, mais peu important sous le rapport de l´art. En effet, son architecture a été revisitée de très nombreuses fois. Rejoignant le jugement de Mérimée, Guilhermy, qui a visité l´édifice en 1848, se montra sévère dans ses notes, : « La cathédrale de Vannes, reconstruite en 1443, a été réparée presque entièrement à l´intérieur vers le milieu du XVIIe ième siècle, et, à l´exception des tours et du portail, elle n´offre presque aucun intérêt. »

Certes, de l´édifice médiéval ne subsistent aujourd´hui, outre quelques vestiges du chœur roman, que la tour nord de la façade, du premier quart du XIIIe ième siècle, la nef reconstruite dans le troisième quart du XVe et le transept élevé entre 1504 et 1520. Mais ces éléments méritent mieux que le mépris des antiquaires du XIXe ième siècle.

L´édifice est implanté sur un terrain en forte pente vers le nord-est. Lors de la reconstruction de la cathédrale aux XV ième et XVIi ième siècles, le parcellaire très dense avait imposé aux chanoines d´acquérir des maisons voisines, Cette contrainte explique les dimensions médiocres de la tour et du bras sud du transept.

L'ancien dessin de la nef

La nef, longue de 43 m pour une largeur de 13,80 m, comportait cinq travées,  outre celle des tours, qui abritait le buffet d´orgues et avait été, comme sa voisine, voûtée d´ogives au XIXe ième siècle. Des chapelles avaient été aménagées entre les contreforts.

Cette conception d´une nef à vaisseau unique encadrée par des chapelles latérales constituait une singularité dans le contexte breton. Ce dessin est en revanche fréquent, sinon prédominant, dans une aire géographique qui couvre le Languedoc et la Catalogne. Ainsi, cette forme il apparaît simultanément sur plusieurs chantiers du dernier tiers du XIIIe ième siècle, comme la cathédrale d'Albi, commencée en 1282.

Beaucoup de ces églises de cette forme sont liées aux ordres mendiants (église des Cordeliers de Toulouse, Sainte-Catherine et Saint-François de Barcelone). Faut-il invoquer à Vannes une influence directe de ces modèles, qui auraient pu être transmis par des compagnons de saint Vincent Ferrier restés sur place après le décès du Dominicain en 1417 ? On observera en tout cas que l’évêque Yves de Pontsal, promoteur de la reconstruction de la nef, appartenait lui-même à l´ordre dominicain.

Au demeurant, la nef de Vannes présentait une différence notable avec les églises gothiques du Midi : reprenant la vieille formule du mur épais, l´architecte avait aménagé dans la paroi, au-dessus des grandes arcades séparant la nef des chapelles latérales, une galerie de circulation qui passait à travers les contreforts et desservait les fenêtres hautes. La balustrade de cette galerie étant une restitution de Charier (1845), l´ancienne ayant été brisée par les échafaudages lors de la construction de la voûte en 1768 et remplacée par des grilles de fer en 1776.

La nef était-elle prévue dès l´origine pour être voûtée ? Un faisceau de présomptions incitait à répondre par l´affirmative : sa largeur, somme toute modeste par rapport aux plus grands vaisseaux languedociens et catalans, qui avoisinent ou dépassent 20 m, l´importance des contreforts, l´existence d´arcs-boutants – certes très minces – et d´un arc formeret au-dessus de l´arc triomphal conforte ce postulat.

De plus, les relevés du XVIIIe ième siècle montrent clairement des départs de voûtes, tant dans la nef que dans le transept. Enfin, la structure s´est révélée parfaitement apte, sans subir de modifications, à porter les massives voûtes d’arêtes lancées en 1768.

L´intention de voûter le transept est encore plus évidente, comme en témoigne la présence de colonnes engagées dans les angles sud-est et sud-ouest du bras sud – identiques à celles qu´on voit au même emplacement à Notre-Dame de Quelven –, de dosserets et de traces de formerets, bûchés au XVIIIe ième siècle, mais bien apparents dans le bras nord.

Quoi qu´il en soit, la mise en place des voûtes classiques, plus écrasées que ne l´eussent été des croisées d´ogives, avait considérablement modifié la perception du volume du grand vaisseau, dont le lambris du XVIIe ième siècle était situé une dizaine de mètres plus haut.

L'ancien dessin des chapelles

Les chapelles de la nef étaient voûtées d’ogives mais leurs dimensions, comme l’épaisseur des murs-contreforts qui les séparaient, étaient inégales. Ces différentes dimensions résultent peut-être de la réutilisation des fondations de l´église précédente.

Du côté sud, la chapelle la plus proche du transept, dédiée jadis à Sainte-Catherine, abritait le tombeau de l'évêque bâtisseur Yves de Pontsal, dont les armes se voyaient aussi sur le vitrail.

Datant de 1518, la jonction de la nef avec le transept était assurée par un grand arc accosté de deux arcs en plein-cintre superposés, artifice destiné à réduire la largeur de la croisée et peut-être à établir une correspondance visuelle avec le chœur à déambulatoire. Des passages latéraux permettaient aux fidèles d’accéder au tombeau de saint Vincent en contournant le chœur des chanoines.

L´arc inférieur formant étrésillon portait une galerie qui prolongait celle de la nef. Cette galerie devait desservir le jubé.

Les piles ouest de la croisée, polygonales, étaient épaulées vers la nef par des contreforts puissants, richement moulurés et ornés de figures sacrées ou grotesques (Christ bénissant, ange porteur d´écusson, homme sauvage, Samson terrassant le lion, lions fantastiques, mascarons).

La croisée du transept, plus large que le chœur roman auquel elle se rattachait ,non sans maladresse, était entièrement occupée par le chœur liturgique et les stalles des chanoines.

L´élévation du transept, dont le bras nord est plus profond que son homologue du midi, reprenait le parti de la nef, à cette réserve près, que la galerie de circulation ménagée dans l´épaisseur des murs situé à l’est et l’ouest, était partiellement dissimulée à la vue et n´apparassaît que sur les murs-pignons et sur le mur situé à l’est. Des fenêtres hautes ouvertes au-dessus de l´entrée du déambulatoire permettent l'éclairage,

La balustrade, à la différence de celles de la nef, présentait ici une succession de motifs flamboyants, des cercles garnis de deux mouchettes tête-bêche.

La verrière du bras sud contenait une effigie de l´évêque Jacques de Beaune (1504-1511).

Enfin, on peut se demander si la chapelle Notre-Dame, voûtée par l´évêque Jean Validire qui y avait élu sépulture, reconstruite et dédiée par la suite à Saint-Vincent Ferrier, n´était pas à l´origine, comme la chapelle de la Victoire à la cathédrale de Quimper, un édifice autonome, dont le projet grandiose de 1536 devait faire la chapelle absidale du nouveau chœur.

Le groupe cathédrale comprenait au nord du chevet une chapelle dédiée à Saint-Jean-Baptiste, qui servait de baptistère à la paroisse. Cette chapelle construite en 1310 par le chanoine et archidiacre Jean de Bois-Hélio, était en ruine en 1438, et fut rebâtie sur les mêmes fondements par Jean Validire. Vendue en 1791, puis cédée à la fabrique en 1822, elle fut détruite en 1857 pour permettre l’élargissement de la rue des Chanoines.